Plusieurs innovations technologiques, dont l’intelligence artificielle et la robotisation, présentent un fort potentiel de transformation des organisations et des tâches accomplies par les travailleuses et les travailleurs. Différents secteurs d’activité pourraient être touchés ainsi que divers niveaux d’emploi. En outre, avec le déploiement du télétravail, le recours aux technologies numériques s’accentue.
Observer la transformation numérique (TN) qui s’opère au travail, innover pour favoriser le développement des compétences et des carrières, et vérifier l’efficacité de ces mesures novatrices, telle est la bougie d’allumage d’un ambitieux programme de recherche-action. Ce programme est mené conjointement par des chercheures et chercheurs de diverses disciplines, désireux de fédérer leurs expertises scientifiques pour mettre à l’épreuve des solutions concrètes, et par des entreprises du milieu de l’assurance, soucieuses d’agir de manière proactive et responsable dans la gestion des ressources humaines et la transformation de l’organisation du travail. Des organismes sans but lucratif, voués à la promotion des carrières dans le milieu de l’assurance, à la défense des droits et des intérêts des travailleuses ou au déploiement des technologies de l’information dans le réseau des affaires, y sont aussi engagés.
Il est difficile de prévoir l’ampleur des changements découlant des innovations technologiques qui affectera les emplois, en particulier la nature des tâches, ainsi que les rôles et les responsabilités qui y sont liés. Toutefois, il est établi que certaines innovations technologiques tendent à accroître les inégalités déjà présentes au sein du marché du travail, notamment entre les hommes et les femmes. Ainsi, les travailleuses moins scolarisées, œuvrant à des postes administratifs ou voués aux services à la clientèle dans lesquels certaines tâches routinières peuvent s’automatiser, subissent en quelque sorte les changements technologiques implantés dans leur travail. À l’inverse, peu de femmes au sein du marché du travail occupent des postes où elles exercent un pouvoir décisionnel sur l’évolution des technologies ou de l’organisation du travail. Comment expliquer une telle situation? Au Canada, les femmes sont sous-représentées dans les programmes postsecondaires en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STIM), où la formation prépare à la conception des technologies, et cela malgré le fait qu’elles obtiennent de très bons résultats scolaires en mathématiques et en sciences au secondaire.
Dans un tel contexte, les entreprises devront s’assurer d’offrir une formation et un accompagnement à la carrière adéquats, voire un soutien psychosocial, à l’ensemble du personnel. Soutenir les travailleuses et les travailleurs dans leur reconversion face aux défis du numérique nécessite une analyse de cette situation dans toute sa complexité. Au vu de ces changements individuels et organisationnels, le défi est sans précédent.
Des compagnies d’assurance collaborent avec des chercheures et des chercheurs de l’Université Laval. Du point de vue des compagnies d’assurance, ce partenariat représente l’ouverture vers des avenues nouvelles de formation, un soutien au développement des talents ainsi qu’un accompagnement dans le virage de la TN. Du point de vue de la recherche, il offre un banc d’essai pour approfondir la réflexion autour d’effets potentiellement néfastes de la TN qui toucheront certaines catégories socioprofessionnelles, ainsi que des mesures visant à y pallier. La recherche menée en partenariat comporte une valeur ajoutée directe pour chaque compagnie participante d’abord par l’accès à un portrait rigoureux de la situation qui prévaut au sein de l’entreprise, et ensuite par la vue d’ensemble que les résultats de recherche offrent de la TN dans le secteur des assurances.
La recherche-action, menée de manière multidisciplinaire et en partenariat, mobilise ainsi les forces vives de toutes les parties pour trouver des solutions aux enjeux de maintien satisfaisant et durable en emploi des travailleuses et des travailleurs en contexte de TN. Alors que les gestionnaires de ces entreprises sont tournés vers le développement de tous les employés, sous la loupe des chercheures et chercheurs se retrouvent entre autres les femmes occupant les postes aux services à la clientèle et aux services administratifs. La collaboration entre les partenaires du secteur des assurances, les chercheures et les chercheurs issus de diverses disciplines éclaire diverses facettes du prisme de la TN. L’ensemble de toutes ces préoccupations s’articule dans un seul et même programme de recherche-action.
Le programme de recherche-action vise à:
- Cerner la nature et l’étendue de la transformation numérique, en ce qui touche les postes liés aux services à la clientèle et aux services administratifs occupés en majorité par les femmes, tout en tenant compte des besoins de l’ensemble des travailleuses, des travailleurs et de leur organisation;
- Développer des approches novatrices de gestion des compétences, de formation et de soutien, ainsi que des modèles de développement de carrière;
- Évaluer les modèles de formation et d’accompagnement en développement de carrière, du point de vue des travailleuses et travailleurs, dans une perspective d’amélioration continue.